Parce que ça a eu un grand succès historique, de parler aux racistes pour leur mettre le nez dans leur racisme.
C'est comme ça que les combats politiques du passé ont été gagnés, c'est sûr !
Il suffit de lire les expériences de militants qui ont fait un vrai travail d'éducation populaire et politique dans le passé, ils se sont tous plantés, ils n'avaient pas compris que l'important ce n'est pas la transformation sociale, mais bien de montrer sa supériorité morale...
Synthèse : électoralisme à court terme.
Face à un Jean-Michel, c'est plus rapide de grapiller un bulletin de vote en mettant en avant une future politique sociale de gauche que de démonter point par point des décennies d'infusion au racisme.
À vrai dire pour connaître le milieu dont on parle, je constate que l'énergie à déployer pour faire changer d'avis les gens est énorme. Le bulletin à la béchamel est sans doute l'issue la plus probable, même avec les meilleurs arguments.
Comme nos politiciens visent le court terme, ils ne se feront pas chier à essayer de changer les gens.
Problème : les mentalités se transmettent, et si on ne fait pas entendre un autre son de cloche, les Dylan fils de Jean-Michel pensent comme leurs parents. Cycle infernal.
Si on vise un peu le long terme, il faudra bien dire aux électeurs du FN que ce parti est une escroquerie ET que leurs idées sont merdiques. Et se coltiner les explications contre, souvent, des murs.
C'est un travail de patience, de milliers de gens, tous les jours, qui nous coltinons le travail avec le tonton raciste ou la mémé qu'aime pas les bougnoules.
Et puis parfois, les choses de la vie font que le Dylan fonde une famille avec une pas-de-chez-nous, et on passe au mais-toi-c'est-pas-pareil. Progrès minimal. La génération suivante peut se montrer moins perméable au racisme, la réalité rattrape les fantasmes xénophobes.
Mais c'est long. Or le politique est pressé.
C'est vrai. J'admets avoir tendance à encore utiliser la satire quand je fais parler des personnages racistes avec leur vocabulaire pour le dénoncer, et je comprends que ça choque.
Éditer le message évidemment ?
Mais nous n'aurions pas cet échange qui permet d'aborder le sujet.
Des guillemets ?
C'est mieux pour ta médaille de supériorité morale, certainement. Tu auras corrigé un vilain.
Et si je tolérais de passer pour un gros con aux yeux de certains militants en considérant que je préfère décrire la réalité du racisme auquel nous faisons face, avec toute la violence dont il nous frappe ?
Oui je comprends ce point de vue mais je ne partage pas ton analyse.
Si on considère que toute visibilité donnée à une manifestation du racisme, même fictive à but "documentaire" ou à titre d'exemple, doit être purement et simplement interdite/supprimée/invisibilisée, alors on s'interdira aussi tout personnage raciste dans les fictions, les caricatures, on portera des œillères parce qu'on ne cherchera plus à différencier l'emploi qui peut être fait des mots.
Nan mais je suis pas contre la discussion sur la stratégie/l'orientation (même si chez Ruffin, ce n'est pas de l'électoralisme à court terme mais une vraie volonté de construire une hégémonie culturelle différente), mais faire changer - non pas d'avis mais de références - les gens ça ne se fait pas en leur mettant le nez dans leur racisme, si le but premier n'est pas de mettre en avant sa propre supériorité morale mais bien de convaincre en profondeur.
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