Ce n'est pas tant le fait que 800 nazis défilent en rangs bien cleans qui me fait frissonner.
C'est le relatif mais quand-même bien pesant silence qui entoure ce cortège.
On a bien la queen noire qui va les suivre et les harceler, entre courage, explosion de colère et témérité, en les traitant pour ce qu'ils sont et les faisant doucement sortir de leurs gonds.
Y a ces quelques types à vélo, depuis leur balcon, depuis les terrasses, qui leur crient que ce sont de sales nazis, qu'ils sont des crasses etc. Ce sont majoritairement des femmes qui leur hurlent dessus. Et ce sont quand même souvent des personnes non-blanches.
Gros malaise tout ces gens qui semblent simplement sincèrement amusés de ce défilé. Comme si c'était quelque chose d'exotique. De normal. La liberté d'expression sans doute. Toutes ces bonnes gueules trop bien fringuées sur des terrasses trop chères près de Assas.
Et puis, y a tout ces visages fermés, hésitants, parfois inquiets, qui fixent ces nazis, parfois s'éloignent. En silence.
C'est ça qui me fait peur. La relative inaction, le manque de réaction des gens.
Le silence banalise la présence des nazis dans les rues.
Chaque cri les injuriant aurait dû être suivi d'au moins quelques applaudissements, quelques reprises de cri, voire d'un réel move de confrontation pacifique.
Cette peur ou cette indifférence qui fige les corps en un rictus circonspect et inquiet, ou en un amusement malsain bien bourgeos, c'est ce qui m'inquiète le plus, bien davantage que la manif elle-même.
